Cat's in the craddle -Deirdre & Meliodas

Le froid envahissait les plaines écossaises, peu à peu. Le vent soufflait de plus en plus fort, au fil du temps, faisant trembler les arbres et leurs feuilles qui rougissaient. Ce froid était mordant, glaçant et pénétrant. L’été était fini, avait pris fin pour laisser place à un automne qui détonnait fortement avec les températures estivales. Le soleil se faisait de plus en plus timide, se cachant dans des nuages gris qui ne promettent qu’une seule chose. Une pluie torrentielle qui allait inonder les rues. Meliodas aimait l’automne, le paysage écossais était magnifique avec cette saison, même plus belle qu’en été. L’automne donnait un charme mystique aux Highlands, de plus, les touristes affluaient pour faire un retour aux sources pour fêter Samhaim. Elle était belle, l’Ecosse, ainsi. Rougeoyante, prenant parfois des teintes orangées qui ressortent d’une manière éclatante en contrastant avec les nuages sans cesse menaçant. Tout était merveilleux mais d’un point de vue professionnel, Meliodas était dans de beaux draps. Il déteste l’automne et l’hiver pour une seule raison. Une seule qui paraît anodine pour les personnes mais pour les voleurs comme lui, c’était une toute autre histoire. Contrairement à l’été, les habitants sont rentrés chez eux, très tôt pour éviter la pluie, le vent, ou le froid. Ainsi, cela laissait beaucoup moins de bonnes occasions pour Meliodas de voler dans les appartements, ou les maisons. Il fallait attendre la journée, enregistrer les sorties et les entrées avant de pouvoir y aller.  En été, les personnes sortaient beaucoup plus, étaient plus vite étourdies par la chaleur et le beau temps,  profitant du soleil qui régnait en maître, ainsi que de la plage qui se remplissait à vue de nez. Les fenêtres étaient souvent ouvertes, aérant les pièces pour un brin de fraîcheur.  C’était ce genre de détails que peu de personnes arrivaient à comprendre. Sans doute, parce qu’ils ne se mettaient pas dans la tête d’un voleur. Non, en automne, les voleurs changeaient de tactique surtout lorsqu’ils avaient un climat peu clément avec eux.

D’ailleurs, il était parti dans cette optique pour voler, se remplumer un peu afin de pouvoir s’acheter des cigarettes. Portant un jean, un pull épais et une veste en cuir noir, Meliodas détonnait quelque peu dans les rues de Keern. Tout le monde est emmitouflé dans des écharpes, et des gros manteaux, sauf lui. Il eut un sourire et avec une habileté acquise depuis des années, déroba un portefeuille à une jeune femme qui attendait sur le trottoir, la bousculant intentionnellement. Cela s’était joué en quelques secondes et il repartit avec son portefeuille, prenant toute son espèce avant de le laisser tomber hors de sa vue. Cette habileté, il l’avait acquise quand il devait esquiver les coups de son père, ou même quand il voulait tromper l’ennui lorsqu’il était au bar avec son père qui s’enivrait. Voler était devenu une seconde nature, quelque chose qui lui collait à la peau. Un sourire aux lèvres, Meliodas continua à marcher vivement dans les rues et les ruelles afin que la dame ne le retrouve pas facilement. Il lui avait au moins laissé sa carte bleue, cette petite chose pouvait rapporter pas mal de soucis. Meliodas continua encore quelques minutes, faisant des tours habiles pour dérober quelque chose aux habitants, mais surtout aux touristes. Des montres, de l’argent, des colliers. Tout y passait. Il remit cela dans ses poches de jean qui étaient larges.

Ces quelques minutes furent divertissantes mais le froid reprit bien vite sa morsure quand il s’engouffra sous son pull noir. Le vent siffla de plus en plus fort et il ressentit une goutte tomber sur le coin de son nez. Une pluie torrentielle allait finir par tomber et il n’avait pas le temps de rentrer chez lui. Il vit au loin un café qui faisait office de bibliothèque. Un sourire en coin apparut sur ses lèvres tandis qu’il avançait, rentrant dedans. Le café était un peu bondé, rempli d’un brouhaha silencieux. Certaines personnes lisaient, d’autres écrivaient sur leurs ordinateurs. Il avança vers le comptoir où une brune se tenait.

“Bonjour” déclara-t-il d’une voix près mielleuse, prenant l’apparence d’un jeune homme innocent pour l’amadouer. “ Je voudrais un café noir, sans sucre, s’il vous plaît” Ajouta-t-il avec un petit sourire poli.

Il l’observait quelque peu, regardant ce qu’il pouvait bien lui voler en repartant chez lui. Hélas, la pluie allait le retarder et il devra prendre son mal en patience.

@Deirdre Law

L’ambiance était à la fois animée et silencieuse dans ce café. Des livres étaient rangés d’une manière organisée et ordonnée. Il y avait beaucoup de livres, c’était un paradis pour les amateurs de lecture . Meliodas n’avait jamais vu autant de livres. Certains lisaient paisiblement sur des chaises moelleuses qui avaient l’air confortable. Il renifla amusé en voyant à peu près le genre de clientèle de ce café. Les rats de bibliothèque sont les victimes idéales, surtout dans ce genre de café. Il pourrait voler quelque peu ces clients afin de se faire rembourser le café. Ce n’était pas très cher mais Meliodas ne voulait pas perdre de l’argent aussi facilement. Il avait faim et les pâtisseries derrière la paroi vitrée l'appelaient. Elles semblaient faites maison. Des roulées à la cannelle, des tartes aux citrouilles et des pommes caramélisées. Meliodas n’avait jamais vraiment goûté à ce genre de choses, même, il ignorait s’il avait des allergies à ce genre de choses. Il regardait à peu près les pâtisseries, décidant de prendre celle qui semblait la plus appétissante à ses yeux. Le roulée à la cannelle.

“Je suis là pour consommer et peut-être pour lire aussi, en attendant que la pluie s’arrête.” Répondit Meliodas d’un ton confiant malgré son mensonge.

Meliodas ne voulait que voler ces gens. Il se fichait bien de lire, il détestait cela à cause de l’école qui le forçait à lire à voix haute malgré son problème de bégaiement. Les livres n’avaient jamais été son point fort. En même temps, personne ne l'avait encouragé dans cette voie. Enfin, personne ne l’avait jamais encouragé tout court. Il regardait la jolie brune devant elle, remarquant quelque chose de troublant. Il avait une impression étrange de la connaître depuis longtemps. Une impression étrange de l’avoir croisé, même plus que croisé. Il continuait à l’écouter pensivement, cherchant où il avait bien pu voir cette femme. Meliodas se fichait bien d’où son café venait, ne comprenant vraiment pas ce qui était important du fait qu’il venait du Brésil. Il hochait doucement la tête à ses mots, penchant la tête comme pour réfléchir. C’était un tic qu’il avait depuis qu’il était enfant. Il faisait cela pour réfléchir avant de relever la tête. Ses yeux verts émeraude croisant ceux de la belle brune.

“Euh…euh oui. J’ignore si je suis allergique mais je voudrais bien un roulé à la cannelle.” Répondit Meliodas avec un sourire.

Cette impression étrange semblait peser sur la jeune femme qui venait de lui demander s’ils se connaissaient. Il eut un reniflement, Meliodas était assez connu dans la ville et ne jouissait pas de la meilleure réputation au monde. Puis elle lui sourit. Un sourire qui vint à lui rappeler qui était cette personne. Plissant les yeux en la regardant, il ne sut comment réagir car la dernière fois qu’ils s’étaient parlés, c’était en primaire mais cela avait été un des rares sourires sincères qu’il avait reçu durant son enfance. Au fait, le seul sourire dans sa mémoire.

“Je me disais la même chose, Deirdre. Je me disais la même chose. C’est moi, Mel.” Déclara Meliodas d’un air presque las.




@Deirdre Law

Meliodas hocha la tête pour le roulé à la cannelle, bien décidé à goûter à cette pâtisserie. Il n’avait jamais goûté ce genre de chose. Lorsqu’il était enfant, Meliodas n’avait pas d’argent pour s’acheter ce genre de pâtisseries et il pouvait encore moins demander à son père, et sa belle-mère pour s’en acheter une.  Tout ce qu’il pouvait faire, c’était de regarder les pâtisseries, derrière une vitrine. Meliodas avait toujours eu envie de le faire, et maintenant, il le pouvait.

“Oui. Je veux bien y goûter.” Déclara Meliodas avec un petit sourire.

Il connaissait cette jeune femme. Elle n’avait pas changé durant toutes ces années où ils ne s’étaient pas vu. La culpabilité et l’écart d’âge avaient joué un rôle majeur pour l’éloignement. Meliodas se sentait un peu coupable de ne pas avoir eu le courage de la défendre, mais, en même temps, il avait peur. Peur de ce garçon,  qui l’embêtait  à l’école, peur de son père qui allait le tabasser et le torturer en lui coupant la nourriture et l’eau. Il avait peur de ce rouge carmin qui allait s’écouler lentement de lui, s’accompagnant d’une douleur aiguisée. C’était cette peur d’après qui l’avait totalement paralysé sur le banc de cette école. Deirdre avait dû lui en vouloir. Elle était la jeune fille mise à l’écart, car elle était nouvelle à l’école. C' était une intruse pour les enfants qui n’avaient rien connu d’autre que Keern. Deirdre avait été harcelé parce qu’elle était nouvelle mais lui, il était harcelé pour une raison toute aussi cruelle. Il était pauvre, sale, défiguré par les coups de son père et avait un retard au niveau de l’école. Ils étaient dans le même cas mais pas pour les mêmes raisons. D’ailleurs, au vu de sa réponse, il avait ressenti une certaine rancoeur dans le coeur de la jeune femme. Elle lui en voulait toujours, le trouvant culotté. Meliodas écarquilla les yeux et paya sa consommation en espèce, d’un air dépité. Elle lui en voulait encore mais elle ne savait rien de ce qu’il vivait à cette époque. Meliodas ne savait ce qu’elle vivait mais il n’avait pas réussi à rassembler son courage. D’ailleurs, ce garçon l’avait martyrisé encore plus, depuis que Deidre était partie. Elle lui donna sa commande et lui indiqua une table avec une tasse. Meliodas la suivit avec un petit sourire, s’asseyant avant de prendre une gorgée de son café.

“ Non, je ne pouvais pas faire grand chose, j’avais peur des professeurs, mais surtout de mon père.” Dit Meliodas en regardant le roulé à la cannelle. “Dès que tu es parti, il m’a harcelé encore plus fort car tu n’étais plus là, mais je l’ai défoncé après, au lycée, si ça peut te rassurer.” Ajouta le jeune homme en prenant une bouchée du roulé à la cannelle.

C’était un feu d’artifice dans sa bouche. Le goût le prit à la surprise au point qu’il en écarquilla les yeux.

“Waouh ! C’est délicieux ! “ S’exclama-t-il en reprenant une bouchée.

Meliodas hésitait à lui répondre à sa question et il baissa les yeux, en ne sachant pas ce qu’il devait répondre. Ce qu’il était devenu, c’était ce que son père avait voulu qu’il soit. Un moins que rien. Deirdre avait réussi. Il reprit une gorgée, évitant de la regarder au maximum. Que pouvait-il répondre ? Voleur ? Receleur ? Le cauchemar des commerçants de Keern.

“Hum, ce que mon père voulait que je sois. Et toi ? Je vois que tout réussi pour toi, en plus, les pâtisseries sont des tueries.” Répondit Meliodas d’une manière évasive, changeant le sujet pour éviter de parler de lui, et d’avoir une certaine honte par rapport à elle, la femme d’affaire.



@Deirdre Law

Deirdre était une partie de son enfance qu’il voulait par-dessus tout oublier. Il ne voulait pas oublier Deirdre en elle-même mais tout le paysage mental qui l’entourait. Une enfance horrible faite dans la violence et le silence des autres. Le silence des professeurs qui le voyaient venir en classe, sale, bégayant, et rempli de blessures. Le silence des habitants qui le rejettent à cause de sa différence, préférant l’insulter, l’isoler comme une maladie incurable plutôt que l’aider. Deirdre représentait ce passé rempli de souffrance et de solitude. Meliodas ne souffrait plus physiquement, car il avait pris de la force et des muscles. Maintenant, il pouvait faire le poids contre son père, le dominer, ainsi que tous les autres qui tenteront de lui faire du mal. Cependant, il souffrait mentalement de beaucoup de carences. Il s’efforçait de les cacher derrière des mensonges déguisés et des jeux d’acteurs. Son père avait ruiné sa vie, ainsi que toutes ses chances de pouvoir être quelqu’un de bien, même si en réalité, Meliodas était quelqu’un de mauvais et le jeune homme en avait conscience depuis sa tendre enfance. Il trichait, mentait, volait, arnaquait, frappait, manipulait et tuait. Sa propre mère est morte par sa faute. Il ne pensait qu’à lui et à lui seul, car Meliodas se méfiait de tout le monde, même de sa propre ombre. En soit, Deirdre représentait à la fois des souvenirs de son passé d’enfant battu et de son présent de moins que rien tandis qu’elle était propriétaire d’un café. Certes, ils avaient été harcelés, enfants, mais leurs chemins avaient pris des directions différentes. Une vie morale et saine pour elle, tandis que la sienne se résumait à 3 choses : Alcool, arnaque, luxure. Deirdre aurait un futur prospère tandis qu’il serait dans la maison au soleil levant comme disait la fameuse chanson.

-Sois plus navrée pour lui, Deirdre. Je nous ai vengés pour le mal qu’il nous a fait, déclara-t-il avec un sourire en coin. Il a payé la facture, ajouta le jeune homme, toujours souriant.

La conversation s’ensuivit tandis qu’il buvait son café, mangeant quelque peu le cinnamon roll. C’était si délicieux. Meliodas n’avait jamais goûté ce genre de chose, car c’était déjà un miracle s’il avait de la nourriture et de la bonne lorsqu’il était chez lui. Il la vit se mordre l’index lorsqu’il lui avait parlé de son père. C’était toujours un tic qu’elle avait apparemment. Finalement, Deirdre craqua pour lui parler de son paternel. Il eut un petit reniflement amusé quand elle l’interrogeait sur lui.

-Je n’ai plus du tout peur de lui, car j’ai grandi, je ne suis plus un enfant chétif. En plus, j’ai fait un petit tour loin de lui, grâce au gouvernement. Et pour répondre à ta question, c’est même un euphémisme, répondit Meliodas doucement.

La conversation se tourna sur ce qu’ils faisaient dans la vie et il se retrouva quelque peu aux pieds du mur. Que pouvait-il dire ? Meliodas ne pouvait pas lui répondre que c’était un voleur qui était venu dans son café pour voler les clients. Cela serait comme une deuxième trahison aux yeux de Deirdre. Il réfléchissait doucement à sa réponse tandis qu’il buvait une gorgée de son café pour mieux préparer son mensonge.

-Oh, je fais des petits métiers par-ci par-là. J’aide parfois l’antiquaire, monsieur Gallagher pour trouver des bonnes affaires, mentit Meliodas dans un ton qui se voulait convaincant tandis qu’il croquait dans son roulé à la cannelle.

La jeune femme vient lui expliquer ses passions tout en le remerciant de son compliment. En même temps, il n’était pas difficile de faire plaisir à un homme qui avait un palais d’un enfant. C’était une de ses carences dues à la malnutrition. Finalement, la différence était là. Deirdre avait eu une enfance pas très jolie mais elle semblait merveilleuse comparée à la sienne. Elle avait pu avoir un exutoire, une passion dans laquelle s’investir alors que Meliodas devait déjà survivre et c’était bien assez comme ça. Il ne fallait pas se méprendre, le jeune homme n’était pas jaloux de la jeune femme, plutôt heureux.

-Je t’en prie. Je n’ai jamais goûté à des pâtisseries à part celles des supermarchés, ou épicerie. En tout cas, c’est génial que tu aies pu faire de ta passion, une activité florissante, déclara-t-il en reprenant une gorgée de son café.

Meliodas ne laissait rien paraître mais il était plutôt nerveux à l’idée de parler à des personnes. Il se méfiait bien trop des gens et de ce qu’ils avaient dans leurs coeurs.

@Deirdre Law