elsa - my heart needs to breathe

trigger warning: divorce, pression sociale, maladie d’alzheimer

                                             

wildest dreams
Ses épaules se tendent, ses doigts se ferment trop sur les lanières de cuir qu’elle espère ne pas lâcher. La monitrice lui donne des directives, mais elle décline sa concentration en raison de regards furtifs vers l’extérieur. Les silhouettes bien dessinées l’encouragent, l’accompagnent silencieusement pour la première fois. Heureusement, le poney docile et expérimenté exécute les demandes, tellement formaté pour réaliser ce pourquoi il a été choisi par le centre équestre. Ce poney, Elsa ne l’oubliera jamais. Bonbon de son nom, tous les deux ont appris l’un de l’autre pendant des années. Elle sourit du haut de ses neuf ans, elle oublie un peu le poids qui pèse sur ses épaules. Elle n’hésite pas à saluer de la main sa mère, puis son frère quand elle ne s’acharne pas à donner des coups de talons sur la pauvre bête. Son casque lui est encore trop grand, elle saute sur la selle à s’en faire mal aux fesses quand on lui faire prendre le trot. Mais elle s’en fiche, Elsa, elle est heureuse pendant cet instant. Lorsqu’elle descend de sa petite monture, elle exécute les habitudes qu’elle prendra plus tard, range les affaires, brosse Bonbon, lui donne des petits morceaux de pommes à la moindre occasion. Il est son nouveau meilleur ami. Et après l’avoir libéré dans le paddock, elle court en direction des siens. Elle rit aux éclats, elle leur raconte ce qu’ils ont pourtant vu, mais elle ne peut pas se retenir d’en décrire ses propres sensations. Edward et Félix se moquent un peu, attendent qu’elle tombe pour qu’ils aient droit à un gâteau. Et bien sûr, le défi en vaut la chandelle. Ils jouent, se retrouvent, prouvent combien leurs relations sont fortes par le biais de cette complicité qu’ils partagent. On ne dirait même pas que Félix est un cousin, dans son cœur, il est aussi son frère.

Les années défilent avec plus ou moins de rapidité. Parfois, Elsa oublie que tout n’est qu’éphémère, elle grandit, elle continue de s’amuser, mais surtout elle apprend. Elle apprend à noter les changements de son frère et son cousin lorsque ses copains sont à la maison et qu’il veut rester seuls avec eux, elle apprend aussi, lorsqu’ils bougonnent parce qu’ils estiment que personne ne les comprend, que tout le monde est contre eux. Oh, elle comprend. Elle leur laisse le temps nécessaire pour qu’ils leurs reviennent à sa famille et elle. Parce qu’ils reviennent toujours. Elle leur tend un morceau de gâteau quand elle tombe d’Eclair, parce que Bonbon est aujourd’hui trop petit pour elle. Ils rient, ils commentent des vidéos qu’ils trouvent sur Youtube, elle chante jusqu’à ce que l'un ou l'autre lui hurle d’arrêter parce que la pluie va arriver par sa faute. De toutes les façons, il pleut beaucoup ici... Et puis, elle rejoint Prosper quand c'est possible. Même si il est plus vieux qu'elle, il devient rapidement son ami. Ils sont des adolescents, l’un plus grand que l’autre, toujours à même de se soutenir, toujours en train de se chamailler pour des broutilles, mais ils gardent à l’esprit une valeur qui ne se tarira jamais : l’entraide. Il arrive à leur mère d’oublier parfois des clés, son portable. Toute la famille met ça sur le compte de la précipitation, parce qu’elle travaille toujours aussi dur, parce qu'elle est chargée de responsabilités avec les terres. Elsa apprend les rudiments de la terre dès qu'elle peut avec son père et sa mère. Elle apprend à aimer ce monde, à y trouver une place. Parce qu'il faut bien l'admettre malgré la rudesse du métier, ils sont riches de bonne humeur et d'humanité. Bien sûr, elle se rate beaucoup au début, les ampoules se percent dans ses mains, ses phalanges lui font un mal de chien. Ce qui l'empêche parfois de tenir les rennes. Mais au moins, elle continue d’apprendre. Edward lui a beaucoup appris. Elsa a douze ans et elle sait déjà semer des plants, ramasser et ranger les légumes dans les caisses.

Tout s’effondre pour son départ. Tout devient sombre, sans aucun éclat. Elle ne veut que son bonheur à lui, elle le lui souhaite de tout son cœur au prix du sien. Elle le regarde partir, retient ses larmes pour qu’il ne rebrousse pas chemin. Parce qu’il mérite cette belle vie qui s’ouvre à peine devant lui. De cinq, ils passent à quatre. Le début des difficultés arrive, mais dès qu’elle a son frère au téléphone, Elsa lui répète que tout va bien. Elle feint la justesse dans sa voix, parce qu’elle ne veut pas qu’il abandonne. Même si elle désire qu’il soit là. Elle grandit encore, mène un peu plus la maison, pendant que son père et sa mère s'efforcent de se supporter. Les cours la dépassent parfois, pourtant, elle se raccroche à ses efforts pour y arriver. Parfois sa mère oublie de manger, Elsa lui rappelle qu’elle a laissé un plat dans le frigo, mais lorsqu’elle rentre le soir, elle constate qu’elle n’y a pas touché. Elle la réveille le soir, devant la télévision, l’accompagne à la chambre et lui souhaite bonne nuit avant de prendre elle aussi le chemin de sa propre chambre. Son père n'habite plus ici, Félix a pris son indépendance lui aussi. Pendant plusieurs fois, elle hésite à envoyer un sms à son frère, mais se ravise au moment où elle songe à sa nouvelle vie là-bas. Il n’a pas à subir les lubies de sa petite sœur, au contraire, il a ses nouveaux amis maintenant. Et pour elle, il lui tarde d’être en week-end pour rejoindre le centre équestre. Sa vie pendant six ans se résume à cela. Elle ne sait pas comment elle a pu y arriver, mais elle a obtenu son diplôme de fin d’année au lycée. Sans perspective de carrière, elle préfère largement rester à Keern. Elle oublie la détresse à la maison, les disputes qui s’enchaînent parce que sa mère a oublié qu’elle travaillait maintenant. Et elle ne veut pas voir de médecin. Elle prétexte toujours la fatigue, les soucis qu’Edward et elle, lui infligent, le fait qu’elle soit à bout. Elsa encaisse, silencieuse, ne répond pas pour ne pas aggraver la situation, à quoi bon ? Est-ce cela qui a déclenché la crise ? Ils n’en n’auront jamais la certitude. Néanmoins, Elsa n’a eu d’autre choix que celui d’appeler son frère. « Il faut que tu reviennes… Je ne sais pas quoi faire… Maman a mis le feu aux rideaux et ne veut pas m’écouter pour qu’on aille consulter un spécialiste. » Elle se morfond de cette nouvelle, culpabilise d’avoir échoué et d’avoir infliger ça à son grand frère. Bien sûr, il est revenu aussitôt, bien sûr, il ne les a pas abandonnés. Et c’est avec ça que le verdict est tombé.

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one Elsa est une vraie campagnarde, elle n'aime pas beaucoup la ville. D'ailleurs, elle ne s'y rend que lorsqu'elle doit tenir un marché pour  l'exploitation familiale.two Elle aime beaucoup écouter la musique et n'a pas de genre musical. Pareil pour les films, elle ne peut pas en choisir parce qu'elle apprécie tous les genres. Au moins, elle n'est pas compliqué. three En étant petite sœur d'Edward, elle a appris à sentir les éléments pour en retirer leurs avantages. Elle sait quand il va pleuvoir, bon d'accord, elle connaît le calendrier lunaire à cause de l'exploitation. Mais il n'en reste pas moins qu'elle aime bien tout ce qui touche à ce qu'on ne peut pas expliquer. four Elle adore passer du temps avec Zéphir. Il est son bébé, parce qu'elle sait au fond d'elle qu'elle n'aura jamais d'enfant puisqu'elle ne sera jamais en couple car personne ne veut d'elle. Mais bon, elle fait avec. Et puis elle a passé un pacte, à la rigueur elle se dit qu'au moins elle ne finira pas seule dévorée par des poules. five Elle a la peau marquée Elsa. Ses mains sont calleuses, ses muscles assez saillants, mais pas à l'extrême. C'est là les signes d'un dur labeur de la terre. six Elsa c'est l'amie qui encourage et qui pousse vers le haut. elle n'est pas l'extravertie qui va hurler à tout va, qui va pousser les autres hors de leurs retranchements, mais celle qui reste réaliste et qui soutient. Elle n'est pas du genre jalouse, les gens vont et viennent au cours d'une vie. elle les laisse rentrer et sait qu'ils partiront à un moment donné, parce qu'on change tous. seven Elle ressent énormément la pression sociale sur ses épaules. Elle n'est pas en couple, pas mariée et n'a pas d'enfant. Elle se doute que cela pèse beaucoup sur son père, qui espère. Mais elle préfère faire celle qui s'en fiche plutôt que montrer le fait qu'elle se déçoit elle même. eight Elsa aurait aimer apprendre la danse classique en plus de l'équitation. Malheureusement, elle se contente simplement de regarder des ballets à la télévision. nine Elle apparaît comme un roc pour beaucoup, mais elle cache de grandes douleurs profondes. Voir sa mère dans cet état lui coûte énormément, la peine plus que tout, et pourtant, elle sait qu'elle ne peut rien faire de plus que ce qu'elle fait déjà. C'est pourtant quelque chose de très difficile à affronter. ten Elle apprécie la compagnie des animaux, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle reste aussi à la ferme. C'est un moyen pour elle de se ressourcer vers sa réalité.

                                             

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