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Les guirlandes de lampions scintillent dans les allées qui se remplissent. Les âmes de Keern passent de tentes en tentes pour se faire lire les paumes de mains ou conter leur futur. Des couronnes de fleurs sont aperçues dans des cheveux pris dans la brise et des jongleurs illuminent un cercle avec des torches enflammées. La nuit est noire mais le maître mot est lumière. La chaleur se reflète dans les yeux des habitants et des touristes. Sur scène, les projecteurs brillent de mille feux et donne une ambiance embrumée et rouge sur le groupe en plein concert.

Puis, une pause dans le temps.

Les uns après les autres, chaque projecteur s'éteint, plongeant la scène dans le noir. Ne brille que le métal des instruments. Puis, le son s'arrête, micros coupés. Interrogations de la foule : est-ce prévu ? Le cri d'un corbeau résonne alors que le silence prend toute la place.

Allées après allées, les sources de lumières si iconiques a Lugnasad disparaissent, plongeant artisans, artistes et badauds dans le noir.  La nuit est sombre, éclairée par une lune faible. Le phare au loin de la jetée s'éteint à son tour, et même sa lumière rassurante n'est plus là pour guider les yeux au loin.

Le marché est terriblement nocturne, une brise souffle en plein été, frissonnante. Un problème de plomb ? Le préambule des feux ? Un mauvais présage ?

L'obscurité recouvre la ville de Keern. Ce n'est pas simplement le port qui se retrouve plongé dans le noir mais la ville entière. Problème d'installation électrique ? Phénomène surnaturel ? Folklorique ? A l'instar de ce que les habitants pensent, la fête n'est pas alimentée par un générateur particulier. Les gens s'impatientent devant l'absence de lumière. Ne fêtons-nous pas celles-ci justement ? On sort son téléphone portable, des lampes torches, des bougies, tout ce que l'on peut pour que la fête ne s'arrête pas tout de suite. Les murmures se font de plus en plus présents, les gens sont de plus en plus inquiets.

Alors que chacun s'organise comme il peut pour se repérer dans le noir un cri retentit. Un hurlement. Tout le monde cherche l'origine du bruit. L'angoisse grandit, d'autres pensent à une farce, Keern, la ville des mystères... Impossible que tout cela ne soit pas programmé. Et pourtant, la maire ne semble pas plus au courant... La voix d'un jeune homme s'élève au-dessus de la foule, il appelle un prénom : " - AMYYYY ? " Il se déplace dans la foule. " - Amy ? Vous n'auriez pas vu ma sœur ? Cheveux blonds vénitiens, elle était à côté de moi... J'ai cru que c'était elle qui criait..." Il demande à tout le monde. Dans le noir, sous la faible lumière récupérée, il poursuit :
" - Vous savez ? Amy McFarlane, elle a 19 ans, de longs cheveux blonds, tout est devenu sombre et je l'ai perdue de vue... " Il espère retrouver saine et sauve sa petite sœur, mais un présage se fait sentir, un frisson inexpliqué. Comme si quelque chose planait au dessus de cette soirée. Mystique ou réaliste... personne ne sait, qui le remarque vraiment ?
Les véritables questions sont :



précisions Vous l'aurez compris, le courant n'est pas revenu. Il ne s'agit pas d'une coupure de générateur pour la fête mais bel et bien d'un problème général, la ville entière est dans le noir et les électriciens ne trouvent pas d'anomalies. Si cela semble anecdotique, des flashs de téléphone apparaissent, des bougies circulent, on pourrait presque croire que les festivités vont pouvoir continuer. C'est sans compter une voix qui s'élève. Un frère qui recherche sa soeur. Qui est Amy McFarlane ? La connaissez vous ? L'avez-vous vu circuler quelque part ? Tous les regards sont à la recherche d'une jeune femme à la chevelure blonde.

Le marché touche à sa fin. Les badauds ont attendus, patientés de longues minutes dans la fraicheur de la nuit, mais celle-ci est restée d'un noir d'encre. Quelques étoiles parvenaient à percer le manteau de la nuit, accompagnées de flashs de téléphone, de lampes torche ou de briquets. L'ambiance était entre deux mondes. Mi-chaleureuse, mi-inquiète. Des professionnels furent appelés, les réseaux vérifiés.

Rien d'anormal.

Pourtant le phare était éteint, et dans ce noir, une jeune fille avait mystérieusement disparu.

Les recherches s'organisèrent, on prévint les forces de l'ordre, et la foule fut invitée à rentrer chez elle, sonnant donc une fin de soirée précoce pour le marché. Et alors que les gens rentraient vers leurs véhicules, les spéculations fusaient. Acte malveillant ? Fuite ? Les plus cartésiens faisaient tourner leur scepticisme à tout allure pour trouver une raison logique.
Les plus imaginatifs, eux, voyaient déjà un enlèvement du Kelpie. On disait que la lune avait éclairé la mer assez longtemps pour y voir la silhouette d'une jeune femme y pénétrer. On disait qu'un volatil de mauvais augure avait été aperçu, pour aller se percher en haut du phare. On disait, on disait... mais on ne prouvait rien.

Pour l'heure, la ville poursuit ses recherches, et au petit matin, on s'aperçut que la panne n'était plus.